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09.12.2025 • 4 minutes

Former à l’ère de l’IA : préserver l’effort cognitif, le vrai défi ?
L’IA produit, corrige, simplifie. Mais elle n’engendre ni l’attention, ni la métacognition, ni les émotions partagées qui transforment réellement une information en apprentissage. Le rôle des responsables formation est plus que jamais de protéger ces moments cognitifs essentiels.
Je me souviens d’une formatrice en entreprise qui, à la fin d’un atelier sur la prise de parole, avait souri en rangeant ses notes :
« Si tout vous a semblé facile aujourd’hui, c’est peut-être que vous n’avez pas encore vraiment appris. »
Aujourd’hui, les responsables formation font face à un nouveau défi : comment maintenir la qualité cognitive de l’apprentissage, alors que les outils d’intelligence artificielle promettent de tout simplifier ? L’IA génère, corrige, synthétise, et le fait de mieux en mieux. Mais elle ne crée pas cette tension cognitive, ce moment où l’on doute, cherche, ajuste, échange.
Avant même que la neuroéducation ne se popularise, la formation professionnelle s’appuyait déjà sur des principes cognitifs essentiels : l’attention, le feedback, l’émotion et la mémoire.
Des leviers que les outils numériques peuvent renforcer… ou affaiblir, selon la manière dont ils sont intégrés.
Apprendre, c’est d’abord orienter son attention. Dans un environnement de travail saturé de stimuli et d’outils, maintenir la concentration relève parfois du défi.
C’est ce que Stanislas Dehaene décrit comme la sélection active de l’information utile. Les formatrices et formateurs créent ces conditions d’attention en variant les modalités, en invitant à réfléchir plutôt qu’à simplement consommer un contenu. L’IA, lorsqu’elle simplifie trop le message, risque de court-circuiter ce processus de sélection pourtant indispensable à la compréhension.
Chaque activité d’apprentissage est une hypothèse que le cerveau teste, ajuste, reformule : un processus de monitoring (Vandergrift & Goh). Les personnes qui animent les formations soutiennent ce cycle par la reformulation, la rétroaction immédiate, la discussion. L’IA peut fournir des retours précis, mais elle reste un agent externe qui ne déclenche pas la métacognition. Le véritable apprentissage naît lorsque la personne comprend pourquoi elle s’est trompée, pas seulement qu’elle s’est trompée.
Un savoir ne s’ancre durablement que lorsqu’il s’accompagne d’une émotion ou d’une expérience partagée. Immordino-Yang et Damasio l’ont démontré : sans émotion, pas de consolidation durable. En formation, ce peut être la satisfaction d’un déclic, la curiosité d’un échange, ou la surprise d’une mise en situation.
L’IA peut personnaliser des contenus, mais elle ne recrée pas cette implication affective qui transforme l’information en souvenir. Un moment d’humour, un débat imprévu, une analogie bien choisie : ce sont aussi ces “micro-émotions” qui marquent, plus qu’une recommandation algorithmique.

À l’échelle d’un service formation, le défi n’est plus seulement d’intégrer l’IA, mais de préserver cette intelligence relationnelle et cognitive dans des dispositifs toujours plus automatisés. Trois leviers peuvent y contribuer :
Les outils interactifs permettent de rendre visibles les raisonnements collectifs et d’ancrer la discussion sur les processus d’apprentissage, pas seulement sur les résultats.
Les équipes formation peuvent s’en servir pour analyser les dynamiques d’attention, la participation ou la progression des apprenant·es, et ajuster leurs approches. Quand les réponses d’un groupe s’affichent en direct, on ne mesure plus seulement la performance : on observe la pensée en mouvement.
À l’ère de l’IA, l’enjeu n’est plus de délivrer la bonne réponse, mais d’encourager la réflexion.
Favoriser la comparaison, la justification ou le débat entre pairs renforce la métacognition et permet d’harmoniser les pratiques sans les standardiser.
L’attention est un phénomène collectif. Créer des moments d’interaction, même courts, restaure la présence cognitive et l’engagement.
La technologie devient alors un support de synchronisation, pas un substitut à la relation. C’est cette alliance entre intelligence humaine et assistance technologique qui donnera à la formation sa profondeur.
Les personnes qui forment savent que l’apprentissage ne se résume pas à la transmission de savoirs, mais qu’il naît de la relation entre un contenu, une expérience et une émotion.
Aujourd’hui, les départements formation sont à un moment charnière. Ils ont l’opportunité de préserver ce qui rend leur pédagogie unique : l’attention, la métacognition et l’émotion, tout en intégrant des outils technologiques qui permettent de le faire à grande échelle et dans des contextes de plus en plus hybrides.
Auteur(e)
Arlène Botokro
Head of Learning Innovation @Wooclap. Forte de 10 ans d’expérience en pédagogie et en apprentissage numérique – de Sciences Po au conseil international – je veille à ce que nos outils soient co-conçus avec les enseignants, ancrés dans la recherche et adaptés aux réalités du terrain.
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