Penser la formation, ce n’est pas empiler du contenu

Au début de l’été, j’ai co-animé un un atelier autour de l’ABC Learning Design avec des ingénieurs pédagogiques et des responsables L&D d’organisations ayant déployé Wooclap et Wooflash.
Rien de très glamour, me direz-vous : des cartes, des cases, des restitutions de groupe dans un bureau parisien… Pas exactement le programme rêvé d’un après-midi de canicule. Et pourtant, la magie a opéré : l’échange a tellement pris que nous avons largement dépassé le temps prévu.

Chez Wooclap, nous utilisons déjà depuis longtemps des frameworks comme la taxonomie de Bloom pour guider le développement de nos fonctionnalités et identifier des cas d’usage. Mais les travailler ouvertement avec nos clients a rappelé une évidence : c’est en combinant frameworks, compréhension des usages réels, exemples d’objectifs pédagogiques et intelligence collective qu’on parvient à ce qui compte vraiment, donc des parcours équilibrés, concrets et vivants, soutenus là où c’est utile par des outils numériques.

Pourquoi s’appuyer sur un framework (et pourquoi Bloom ne suffit pas)

Un framework pédagogique sert avant tout à mettre en cohérence objectifs et moyens. Quand on conçoit une formation, le point de départ n’est donc pas la quantité de contenu disponible ou les habitudes de la personne qui l'assure, mais bien les objectifs pédagogiques : que doit-on apprendre, comprendre, être capable de faire ? Un framework comme l'ABC Learning Design aide à se positionner sur sa pratique existante et à traduire ces objectifs en formes d’activités pertinentes.

La taxonomie de Bloom a longtemps été une référence pratique pour formuler des objectifs et situer leur niveau cognitif (du retenir au créer). C’est une base précieuse, mais qui a ses limites : elle reste linéaire, très centrée sur le cognitif, et elle ne dit que très peu des formes d’activités concrètement possibles pour atteindre ces objectifs. En pratique, Bloom aide à définir ce qu’on vise, mais pas comment le travailler concrètement dans un cours ou une formation.

C’est là que l’ABC Learning Design apporte une réponse différente. Il propose une boîte à outils de six catégories (acquisition, discussion, collaboration, enquête, pratique, production), qui se traduisent en types d’activités et qui permettent de visualiser rapidement les options disponibles pour scénariser un parcours. L’intérêt n’est pas de répartir chaque type “à parts égales”, mais d’avoir une carte lisible pour choisir les modalités les plus appropriées aux objectifs fixés. 

Ce que nous apprécions particulièrement chez Wooclap, c’est que l’ABC Learning Design est :

• simplement actionnable et personnalisable
• accessible à des équipes variées
• même sans expertise poussée en pédagogie, vraiment orienté "pratique".

Pour chaque type d'activité, des exemples concrets sont proposés. Et, même s’il est né dans l’enseignement supérieur (à University College of London), ce cadre est assez flexible pour outiller la scénarisation de formations dans d'autres contextes. Par exemple en entreprise, il peut appuyer la réflexion autour de « comment traduire un objectif (par ex. développer une compétence managériale, ou apprendre un protocole métier) en une séquence d’activités concrètes, engageantes et adaptées ? ».

Enfin, sans ce type de repère, des outils numériques avec un potentiel pédagogique important peuvent être sous-exploités : Wooclap ou Wooflash offrent une grande variété de cas d'usage, mais, utilisés sans prendre de recul sur la scénarisation, on retombe vite sur deux ou trois formats d'interactions familières (un Nuage de mots bien utilisé peut être très éclairant, mais dans le cas contraire ça devient vite rébarbatif). Les frameworks aident à choisir la fonctionnalité et son usage les plus pertinents pour le bon objectif, et l’outil permet ensuite de les mettre en pratique, de manière concrète et engageante.

Quand l’ABC Learning Design prend vie avec Wooclap et Wooflash

L’intérêt d’un framework apparaît donc vraiment quand il rencontre la pratique.
C’est ce que nous voyons chaque jour : si on doit la permettre dans une formation remplie de plusieurs centaines d'apprenants à distance, une activité de type Discussion dans le framework de l'ABC peut devenir concrètement une question Sondage anonyme avec l'option commentaire activée pour justifier sa réponse. Si on est en présentiel, alors on pourra choisir un moment d'échange chacun avec son voisin, structuré par le Timer Wooclap et à l'issu duquel on lance un Brainstorming pour recueillir les conclusions, dans lequel on convoque un Agent IA pour accompagner sa facilitation.

Autour d'une activité de l’ABC de la catégorie « Pratique, entraînement », on peut proposer une question « Légender une image » puis un « Texte à trou » autour des mêmes notions pour consolider l'acquisition de vocabulaire technique. Puis proposer de revenir sur le même sujet en autonomie pour favoriser la mémorisation sur le long terme avec une question « Association » sur Wooflash.

Nous publierons bientôt plusieurs articles détaillés qui montrent concrètement comment Wooclap et Wooflash peuvent s’intégrer dans chacune des catégories de l’ABC Learning Design, et comment leurs fonctionnalités peuvent aussi être reliées aux niveaux de la taxonomie de Bloom. 

L’objectif : offrir aux équipes pédagogiques et L&D des grilles claires pour passer des intentions aux activités, et des activités aux expériences vécues.

Donner vie aux objectifs pédagogiques

Ce que l’atelier de juin m’a confirmé, c’est que les frameworks ne sont pas des schémas pour spécialistes, mais des langages communs entre pédagogues, formateurs et un éditeur de logiciel comme nous. En travaillant l’ABC Learning Design avec nos clients, nous avons identifié des usages concrets… et des pistes d’évolution produit : une vraie co-construction.

Au fond, un framework clarifie les objectifs et des propositions d’activités, et les outils numériques contribuent à les rendre actionnables avec des publics variés, et des contraintes plus ou moins nombreuses de temps, de nombres d’apprenants etc. C’est dans ce va-et-vient entre cadre et pratique que nous trouvons, très concrètement, de nouvelles façons d’accompagner l’apprentissage.

Et comme toujours, ça se fait mieux à plusieurs : cet atelier, on l'a conçu avec Clément Larrivé, Customer Success Manager chez Wooclap, mais aussi ingénieur pédagogique, qui avait auparavant lancé l’approche ABC Learning Design à l’Université libre de Bruxelles. Comme quoi, plus on croise les expertises et les expériences… plus on innove. 😉