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La théorie du nudge

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La théorie du nudge pour transformer la pédagogie

20.02.2020 • 4 minutes

La théorie du nudge pour transformer la pédagogie

Les « nudges », vous connaissez ? Ce sont ces petites actions « coups de pouce » qui visent à orienter nos décisions et faciliter nos changements de comportement.

Développée par l’économiste Richard Thaler, prix Nobel d’économie 2017, la théorie du nudge, qui prend appui sur les sciences comportementales a le vent en poupe depuis quelques années, notamment après l’expérience menée dans l’aéroport d’Amsterdam où une mouche a été peinte sur les urinoirs pour inciter les usagers à garder les toilettes propres, ce qui a remarquablement bien fonctionné !

Alors que les nudges sont utilisés aujourd’hui dans des domaines variés, des politiques publiques à la transition énergétiquepourquoi ne pas essayer d’en inventer pour changer les pratiques pédagogiques ?

Voilà le raisonnement qui a conduit Guilain Praseuth, ingénieur pédagogique à Toulouse Business School, à organiser en janvier 2020 un atelier pour faire émerger des idées de « pédagonudge ». Le travail en groupe a suivi plusieurs étapes :

Définir l’objectif du nudge

Il s’agit d’abord de déterminer les comportements que l’on souhaiterait voir émerger, aussi bien chez les étudiants (travailler plus régulièrement au lieu d’attendre le dernier moment pour bachoter avant l’examen, par exemple) que chez les formateurs (adopter une posture réflexive ou rendre son cours plus interactif).

Identifier les « biais cognitifs »

Les recherches ont montré que certaines représentations, habitudes ou manières de penser nous empêchent d’adopter un comportement sans que nous en ayons nécessairement conscience. L’idée est donc de comprendre quels sont ces biais cognitifs afin, ensuite, de pouvoir les contourner.

Ainsi, au sein d’un groupe, on peut avoir tendance à se conformer au comportement de la majorité : si l’ensemble du groupe est passif, on n’ose pas prendre la parole, ce qui est un obstacle pour développer l’interactivité dans la classe.

Autre exemple : le « biais de sur-confiance ». Chez les enseignants, cela peut se traduire par la conviction que présenter un contenu de cours intéressant suffit à intéresser les élèves – ce que la pratique dément bien souvent…

Trouver des leviers d’action

Si prendre conscience des biais cognitifs qui freinent l’adoption d’un nouveau comportement est une étape importante, on peut aussi s’appuyer sur des ressorts psychologiques pour favoriser le changement. Il s’agit, par exemple, de montrer les avantages immédiats d’un nouveau comportement ou de valoriser cette évolution : « la reconnaissance est un élément essentiel », selon Guilain Praseuth, « qu’il s’agisse de la reconnaissance par ses pairs ou de la reconnaissance sociale en générale ».

S’inspirer de nudges existants

Une application santé qui compte en temps réel le nombre de pas effectués, un escalier musical qui incite les voyageurs à ne pas prendre l’ascenseur, ou encore, tout simplement, le paramétrage par défaut d’impressions recto verso : les exemples de nudges ne manquent pas. Leur point commun ? Ne pas demander trop d’effort, voire amuser les utilisateurs.

Imaginer des nudges pédagogiques

Les participants à l’atelier organisé par Toulouse Business School ont fait émerger diverses idées pour transformer la pédagogie, comme la création d’un petit chevalet à fixer sur un ordinateur, sur lequel l’étudiant écrirait son nom qui serait ainsi visible de loin. « Au lieu de se trouver face à des têtes cachées derrière leurs écrans, un enseignant pourrait appeler et interpeller ses étudiants par leur nom en amphi. C’est tout simple mais cela change beaucoup la relation pédagogique », estime Guilain Praseuth.

Autre suggestion : configurer par défaut les salles de cours en îlot plutôt qu’en rang d’oignons pour favoriser le travail en groupe. L’enseignant reste libre de bouger les meubles mais il est incité à tester d’autres pratiques.

De même, alors que de nombreux formateurs utilisent des powerpoints, pourquoi ne pas paramétrer le logiciel de manière à insérer automatiquement, une fois toutes les cinq slides, une trame de quiz ? « Cela obligerait l’enseignant à se demander s’il n’est pas pertinent de lancer une activité à ce moment-là du cours », indique Guilain Praseuth qui envisage de mettre en place certains de ces nudges d’ici la rentrée 2020, sans pour autant être naïf. « Bien sûr, les nudges ne vont pas tout résoudre ! », souligne l’ingénieur pédagogique : « il s’agit davantage d’une brique supplémentaire intéressante à exploiter pour accompagner la transformation pédagogique. »

Auteur(e)

Wooclap

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